Philippe Bana

LA TRAJECTOIRE D’UN PASSIONNÉ

Né à Issy-les-Moulineaux mais passionnément Marseillais, père de trois enfants, tous handballeurs, dont la petite dernière, Marianne, adoptée en Côte d’Ivoire, Philippe Bana, comme son épouse Mélanie, sont licenciés au club de Villiers-sur-Marne. L’ancien gardien de but du Stade Marseillais Université Club (SMUC) où il joua six années durant en première division (1974 à 1980), n’a plus d’autre ambition sur le terrain que le jeu et le plaisir au sein de l’équipe départementale loisir du club du Val-de-Marne, ou avec l’équipe de Hand à 4 de Hand à tout âge.

International junior et universitaire, il s’est rapidement tourné vers l’entraînement. À 18 ans, il guide ainsi les jeunes du SMUC qui seront successivement champions de France cadets (1980) puis juniors (1981). Parallèlement, il passe son Brevet d’état 2ème degré et entraîne les sélections de Ligues championnes de France en 1980. Les meilleurs formateurs l’accompagnent sur ce chemin de l’encadrement : l’école permanente de Maurice Mandin et celle de Daniel Costantini. Il obtient son CAPEPS à 22 ans. Professeur d’EPS, il est rapidement nommé Conseiller Technique Régional en Provence, où il officie de 1981 à 1991.

Avec ses amis Philippe Soubranne et Paul Landuré, il fonde l’ADIS (Association pour la Diffusion de l’Information Sportive) qui permet de rapporter en France les images du haut niveau international inexistantes à l’époque, le handball étant absent des écrans. S’il reste dans ses Bouches-du-Rhône chéries, il quitte le SMUC pour prendre les commandes du club d’Aix-en-Provence qu’il conduit en D2. En réalité, pour une courte parenthèse puisqu’il revient au SMUC suite au départ de Daniel Costantini vers l’équipe de France. Ce dernier lui confie l’entraînement de l’équipe première du SMUC qu’il dirigera jusqu’à ce que le club devienne l’OM-Vitrolles. Une aventure qui s’achève en 1991 car il redevient Conseiller Technique Sportif, toujours en Provence.

TERRAIN, MARKETING ET COMMUNICATION

Conscient de la nécessité de compléter sa formation initiale, il s’engage dans une formation en Management du sport à l’école de commerce Kedge Marseille. Il décroche un Master de management du sport avec un mémoire sur le développement stratégique et marketing de la FFHandball qui stagne alors à moins de 200 000 licenciés, n’a ni projet féminin, ni de projet fort pour les jeunes.

Stagiaire à la Fédération durant 6 mois au côté de Jean Férignac, l’élu en charge de la communication, il est contacté par André Amiel, son second père, qui lui demande de le rejoindre en 1996, quand il est élu président. Chargé du développement et du marketing de 1996 à 1999, il négocie les premiers contrats marketing de la FFHandball avec notamment Canal + et adidas dans une Fédération qui démarre à peine sa commercialisation et sa communication. Son appétence permanente pour les médias le conduit à militer pour la présence du handball dans le fameux décret qui oblige les chaînes du service public à diffuser les finales où sont présentes les équipes de France ; ceci dans la foulée de son combat pour mettre à l’antenne la finale du Mondial 99 féminin où les Bleues rassemblent plus de 12 millions de téléspectateurs.

Sur les grands événements, il est présent dès 1996 au côté d’André Amiel avec lequel il obtient l’organisation du Mondial 2001 en France. Un évènement qui consacre d’ailleurs les Français. Il décroche, toujours avec André Amiel, le Mondial 2007 féminin puis, avec Joël Delplanque, le Mondial 2017 masculin et l’EURO 2018 féminin. Des compétitions marquées également par une médaille d’or pour les équipes tricolores.

LA QUÊTE PERMANENTE D’EXCELLENCE

Nommé Directeur technique national en 1999, poste qu’il occupera deux décennies durant, il multiplie le nombre de pôles espoirs dans les Territoires qui passent de 20 en 1995 à 48 en 2016, avant la réforme territoriale. Il développe avec les clubs professionnels la politique des centres de formation, exemple de coopération entre les mondes fédéral et professionnel. Président de l’Association des DTN entre 2005 et 2020, il a défendu le modèle fédéral et ses cadres pour pérenniser un service public d’agents du sport auprès des Fédérations, dans un combat médiatisé et finalement remporté. Une récompense pour cet homme de conviction, pugnace mais jamais dépourvu de sa bonne humeur.

Il solidifie l’équipe de France féminine en nommant Olivier Krumbholz à la tête des Bleues qui enchainent les campagnes à succès. Avec André Amiel, il instaure la parité des moyens, de l’encadrement et des primes entre les hommes et les femmes, chose rarissime encore à notre époque. Il accompagne les équipes de France partout dans le monde, dans les succès ou les échecs. Il choisit Claude Onesta pour succéder à Daniel Costantini en 2001 et pérennise l’encadrement, les moyens et les savoir-faire des équipes de France qui deviennent un exemple dans le monde.

Les titres s’accumulent et la médiatisation favorise l’attractivité de la discipline avec des dizaines de milliers de jeunes licencié.e.s qui viennent grossir les rangs des clubs. En 2018, Il réforme complètement l’architecture des formations pour doter la FFHandball de ses propres formations et diplômes pour tous les publics. Sur le développement des pratiques, encore récemment avec les élues Béatrice Barbusse et Pascale Jeannin, il réforme l’offre pour la simplifier avec le BabyHand, le Hand à 4, le HandFit, le BeachHandball et le HandEnsemble comme piliers de diversification. Avec ce dernier pilier, il a encouragé la politique d’ouverture, d’inclusion et de solidarité en proposant plusieurs offres de pratique à destination de toutes les personnes en situation de handicap, via le HandFauteuil, le HandAdapté et le HandSourd. Ces conquêtes et ces projets, tous réalisés au 21e siècle ont contribué à faire passer la fédération de 200 000 à plus de 590 000 licencié.e.s.

UNE ÂME DE MILITANT

Seul acteur à avoir participé à toutes les épopées des équipes de France depuis 1992, il écrit, en 2018 : « Le roman du hand tricolore » où il raconte les secrets de la performance durable du handball. Il investit tous les bénéfices du livre dans des actions caritatives avec DK Cœur Afrique, l’association de l’ancien international Daouda Karaboué, et HandbyKarl, celle dirigée par Karl Konan, au bénéfice des enfants défavorisés des quartiers d’Abidjan.

Conscient depuis longtemps de la nécessité de maîtriser les arcanes des instances internationales, il a occupé la vice-présidence du Board des Nations de la Fédération européenne (EHF). Egalement membre du Professional Handball Board européen, il a défendu, avec Nodjialem Myaro, l’intérêt des Fédérations avec les ligues professionnelles, les joueurs et les grands clubs professionnels. Il n’hésitera pas, pendant le Mondial 2019, à lancer le combat pour la défense des joueurs internationaux face aux cadences infernales des dernières compétitions. Avec les joueurs, il obtient gain de cause et des règles protégeant les athlètes sont adoptées. Un temps exclu de l’IHF en 2019, il est réintégré à la Commission Sportive, sous la pression des nations qui comptent avec lui un allié pour la défense des intérêts du handball.

Il est aussi élu président de l’Union des Fédérations de sports professionnels qui regroupe les fédérations de basket-ball, cyclisme, football, hockey-sur-glace, rugby, volley-ball et bien évidemment handball. Des fédérations qui souhaitent travailler conjointement aux enjeux de solidarité, d’inclusion et de diversité dans les sports professionnel et amateur.

Il figure enfin dans le groupe du Comité olympique qui prépare la loi héritage des Jeux de Paris 2024 sur le renforcement de la vie démocratique dans les Fédérations, la protection des pratiquants et pratiquantes et l'indépendance des comités d’éthique.

UN PREMIER MANDAT SOUS LE SIGNE DE LA SOLIDARITÉ

Elu septième président de la Fédération le 28 novembre 2020, en plein coeur de la deuxième période de confinement, il prône la solidarité au sein des clubs et des territoires et enchaîne les réformes pour la relance de la discipline. Il propose notamment une tournée des clubs et des territoires afin d’être au plus près des pratiquants. Il soutient aussi HandSolidaire, une fondation pour encourager les actions caritatives, ainsi qu’un fond d’aide au handball amateur. La FFhandball participe également au programme Havoba, dans le cadre de l’accord de partenariat signé entre l’Agence française de développement (AFD) et les Fédérations de handball, de volley-ball et de basket-ball pour contribuer au développement de l’impact social de ces trois disciplines sur le continent africain.

Durant sa mandature, marquée par les succès des équipes de France, et notamment les deux titres olympiques de 2021, il multiplie les initiatives pour dynamiser la discipline. Il propose d’abord l’intégration de la D2F au sein de la LFH, puis développe la marque « handball » en créant, au sein de la FFHandball, des directions du marketing, de l’événementiel et de la communication. Il sécurise le modèle économique alors en grande difficulté en impliquant tous les acteurs des territoires. Centre de séminaires, de ressources et d’événements, la Maison du Handball est notamment revenue à l’équilibre. Il participe aussi au lancement d’une plateforme de signalement pour lutter contre toutes les formes de violence, ainsi qu’à une campagne de communication portée par les équipes de France pour aider à libérer la parole. Il a également investi le domaine de l’apprentissage en créant notamment un centre de formation des apprentis, et participé à la création d’une plateforme TV, HandballTV qui compte aujourd’hui plus de 20 000 abonnés payants. Un Hall of Fame voit aussi le jour, et il relance « l’incroyable tournée » à travers la France qui mobilise 40 000 enfants dans une douzaine de villes.

Il encourage enfin l’organisation de rencontres des équipes de France sur le territoire. Quatorze matches sont ainsi proposés aux clubs et au public français. Forte de ses savoir-faire avérés, la FFHandball obtient même l’organisation du Mondial masculin 2029, conjointement avec l’Allemagne, et candidate à celle de l’Euro masculin 2032. Le Mondial junior filles sera également organisé sur le territoire français en 2028.

Tout au long de son mandat depuis 2020, il développe des liens forts directs avec les clubs et territoires qui sont pour lui le coeur du handball.